Les micros Crel par Pascal Sansous
Il y a quinze ans, je cherchais à équiper trois instruments “Partcaster” U.S. . Mon objectif était de m’approcher au plus juste de certains modèles emblématiques PB 59, Télecaster 52 et Stratocaster 62. Dans cette démarche je cherchais des micros capable de restituer toute la finesse et la subtilité de la lutherie. Ayant déjà par le passé fabriqué des micros à de multiples reprises pour les adapter à nos guitares Vline, j’ai vite compris alors que c’était un truc de pro. C’est en cherchant un fabricant français que je suis tombé sur Pascal qui immédiatement m’a confié une plaque de Strat précablée sans contrepartie. Son travail et son fonctionnement répondait parfaitement à mes attentes. Ses qualités humaines et professionnelles font de lui un acteur essentiel de Guitare Mécano.




Pascal fondateur de Crel Pickups réponds à 13 questions essentielles sur les micros de vos guitares que vous n’auriez pas manqué de lui poser
** Comment en es-tu arrivé à fabriquer des micros ?**
La démarche a commencé par une passion pour le son et une volonté de comprendre comment les micros influencent le caractère d’une guitare. En tant que technicien, la fabrication de micros est née de l’observation de ce qui manque ou de ce qui pourrait être amélioré dans les micros existants. Cela implique aussi des expériences pratiques avec les matériaux, les bobinages, les aimants et la conception des éléments internes. L’objectif est d’atteindre un son unique, plus précis, plus dynamique ou plus adapté à un style musical particulier. Les premiers essais ont été réalisés avec des micros existants, en les modifiant, en analysant leur fonctionnement pour ensuite passer à une conception artisanale.
2. ** Pourquoi utiliser des micros artisanaux ?**
Les micros artisanaux sont recherchés pour leur caractère unique et leur capacité à s’adapter parfaitement aux préférences sonores d’un musicien. Contrairement aux micros de production de masse, chaque micro artisanal peut être personnalisé en termes de type de bobinage, d’aimant, de matériel utilisé, et d’autres spécifications sonores. Ils offrent une plus grande cohérence et un contrôle plus précis sur la qualité sonore, permettant d’obtenir des tonalités spécifiques ou d’améliorer des aspects du son comme la clarté, la chaleur, ou la dynamique.
3. ** Y a-t-il de mauvais micros ?**
Oui, il existe des micros qui ne répondent pas à des critères de qualité en raison de la sélection des matériaux, de la fabrication à bas prix ou de conceptions peu adaptées à la guitare ou au bassiste. Les mauvais micros peuvent souffrir d’une mauvaise réponse en fréquence, de pertes de signal, ou de défauts dans la construction, ce qui peut créer un son boueux, inexact ou incohérent. Un “bon” micro, en revanche, est celui qui a un rendement et une réponse harmonique équilibrés, qui offre des fréquences riches et bien définies.
4. ** Que signifie alnico 1, 2, 3, 4, 5, céramique, néodyme ?**
– **Alnico 1, 2, 3, 4, 5** : Ce sont des alliages d’aluminium, de nickel et de cobalt. Chaque numéro représente une variation du mélange, avec des propriétés magnétiques distinctes. Par exemple, l’Alnico 5 est plus puissant et produit des aigus plus clairs, tandis que l’Alnico 2 offre des basses plus douces et un son plus rond. L’Alnico 3 a une réponse plus brillante, tandis que l’Alnico 4 est plus équilibré.
– **Céramique** : L’aimant en céramique est moins cher et produit des aigus plus percutants, idéal pour des sons plus agressifs. Il est aussi plus puissant, ce qui est souvent recherché dans les micros haute sortie.
– **Néodyme** : Un aimant très puissant qui permet des micros plus petits tout en maintenant un bon niveau de sortie. Il est souvent utilisé dans des configurations où l’espace est limité, mais il offre aussi une réponse plus précise.
5. ** Le fil du bobinage a-t-il une importance ? Pourquoi ?**
Oui, le fil de cuivre utilisé dans le bobinage influence directement la résistance, l’inductance et la capacité du micro. Un fil plus fin peut avoir plus de tours dans le même espace, ce qui influence la sortie du micro et ses propriétés tonales. Les fils plus épais permettent de réduire les pertes de signal, ce qui affecte la clarté et la réponse en fréquence. La qualité du cuivre, notamment l’usage de cuivre sans oxygène, est également essentielle pour garantir une bonne conductivité et longévité du micro.
6. ** Un micro s’use-t-il ? Si j’achète un PAF de 1959, aurais-je le son de 1959 ?**
Un micro ne s’use pas de manière évidente, mais ses caractéristiques peuvent changer avec le temps à cause de facteurs comme l’oxydation des fils et la perte de force des aimants. Le PAF de 1959, par exemple, pourrait ne pas sonner exactement comme à l’origine à cause de ces variations naturelles, mais il acquièrent un son particulier avec le temps, ce qui peut être apprécié par certains musiciens.
7. ** La résistance ou la qualité des potentiomètres a-t-elle une influence sur le résultat sonore ?**
Oui, la résistance des potentiomètres influence la dynamique et la tonalité du son, surtout en ce qui concerne la gestion du volume et de la tonalité. Des potentiomètres de mauvaise qualité peuvent altérer le signal, tandis que des modèles de qualité supérieure offrent un contrôle plus précis et plus stable du son.
8. ** Les résistances montées sur la tonalité ont-elles une influence sur le son des micros ?**
Oui, la résistance ou plutôt les condensateurs dans le circuit de tonalité affecte la fréquence et la plage de coupure des hautes fréquences. En modifiant la capacité, on modifie la manière dont les aigus sont atténués, ce qui influe sur la brillance du son.
9. ** La distance entre le micro et les cordes a-t-elle une influence sur le son ?**
Oui, la distance entre le micro et les cordes modifie la puissance et la clarté du signal. Plus le micro est proche des cordes, plus le signal est puissant, mais cela peut aussi augmenter le risque de distorsion. Trop de proximité peut également affecter la tonalité. Les musiciens les plus expérimentés préfèrent souvent éloigner les micros des cordes pour équilibrer les fréquences.
10. ** Comment obtiens-tu cette gamme dynamique dans tous tes micros ?**
La gamme dynamique est obtenue en équilibrant soigneusement les matériaux, les bobinages, les aimants et la conception. Des aimants de haute qualité, des bobinages bien pensés et une attention à l’espacement des fils permettent d’obtenir une réponse plus précise et un meilleur contrôle de la dynamique. Mes micros se distinguent par une technique de bobinage aéré, créant des irrégularités intentionnelles pour des harmoniques riches et dynamiques. Ce procédé, perçu comme un défaut par certains, est devenu ma signature. Ma machine à bobiner est volontairement imprécise sur l’aller et retour du guidage du fil, elle répète cela par cycle continu et constant tout au long du bobinage, et elle s’arrête automatiquement précisément au nombre de tours programmés. Ce que le bobinage manuel ne peut garantir c’est la répétabilité sur une série, car malgré l’expérience de l’artisan des différences apparaîtront tôt ou tard. Cette méthode me permet aussi de gagner beaucoup de temps sur une production en me concentrant sur d’autres aspects de la fabrication. Aujourd’hui, elle reste essentielle à la qualité et à l’unicité de mes micros.
11. ** La polarité d’un ensemble de micros est-elle importante ?**
Oui, la polarité est cruciale, surtout lorsqu’on utilise plusieurs micros dans une configuration. Les micros doivent être en phase pour éviter les annulations de certaines fréquences, ce qui peut nuire à la clarté et à la richesse du son.
12. ** Comment fais-tu pour avoir une telle définition / précision dans le son de tes micros ?**
La définition et la précision sont obtenues par un contrôle strict de chaque étape de la fabrication, notamment la sélection des matériaux, le type de bobinage, et l’optimisation des caractéristiques électriques du micro pour obtenir une réponse claire, détaillée et fidèle.
13. ** Comment décides-tu de la bande passante des micros ou de leur éventuelle bosse dans le spectre ?**
La bande passante est ajustée par la sélection de matériaux et par le nombre de tours du fil de cuivre. La conception du micro (hauteur de bobine, type d’aimant) permet de cibler certaines fréquences, et une “bosse” dans le spectre peut être décidée pour répondre aux besoins d’un style musical particulier, comme les fréquences médiums pour un son plus rond ou les aigus pour plus de clarté.
Musicalement…
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